2. LES DÉBUTS DU FLASH : LE FLASH AU MAGNÉSIUM
Dans les années 1860, les photographes commencent à utiliser une nouvelle lumière artificielle et transportable : le magnésium. Brûlé sous forme de ruban ou de poudre, ce métal produit un éclair très intense, capable d’éclairer une scène en une fraction de seconde. Il devient alors plus facile de photographier en intérieur, dans l’obscurité,
et de figer des expressions fugitives, voire du mouvement. Mais cette avancée a un prix : les dispositifs sont dangereux. L’explosion de la poudre est brutale, la fumée étouffante et la manipulation délicate. Les photographes redoublent alors d’ingéniosité pour maîtriser l’intensité de l’éclair : mécanisme d’horlogerie, poires à air, ressorts déclencheurs ou revolvers photographiques… Certains appareils, comme la lanterne Phebus, sont conçus pour récupérer la fumée produite par le magnésium, tout en servant de diffuseurs pour adoucir la lumière produite par l’éclair. Ces objets témoignent des expérimentations audacieuses de la fin du XIXe siècle, à une époque où l’électricité est encore peu accessible, ne se diffusant réellement qu’à partir des années 1880–1890. Le magnésium marque une étape décisive : il introduit une source lumineuse indépendante du soleil, ouvrant la voie à de nouveaux usages (reportages nocturnes, photographies d’intérieur, instantanés) tout en confrontant les photographes à un nouvel enjeu esthétique : comment composer une image avec un éclair soudain et aveuglant ?
OBJETS À REPÉRER
Dans la vitrine :
La photographie à l’éclair de magnésium
7 Lampe à ruban de magnésium, vers 1870
Cette lampe est équipée d’un mécanisme d’horlogerie qui fait avancer le ruban de magnésium au fur et à mesure de sa combustion, permettant ainsi de produire de la lumière pendant plusieurs minutes. Elle possède également un réflecteur pour concentrer la lumière produite.
4 Revolver photographique, Dr Ranque, vers 1890
En actionnant une petite poignée (ou levier) sur le côté de l’appareil, on fait descendre une dose de poudre de magnésium contenue dans un réservoir. A l’aide d’une poire, on projette cette poudre par un conduit dans la flamme à alcool (cylindre latéral), équipée d’un étouffoir (dispositif permettant de contrôler ou d’éteindre la flamme). Le boîtier contient aussi une réserve d’allumettes pour allumer la flamme.
1 Lampe à éclairs, Allemagne, 1898
Pour faire fonctionner cette lampe à éclairs, on dépose une dose de poudre de magnésium sur un plateau fixé à un pied télescopique en laiton. En tirant sur un cordon, un ressort frotte une allumette, qui vient ensuite allumer la poudre sur le plateau.
3 Lampe à poudre de magnésium, Allemagne, vers 1900
Cette lampe à poudre de magnésium est équipée d’une poire en caoutchouc. En la pressant, on envoie de l’air vers la poudre, ce qui permet d’activer ou d’intensifier sa combustion et ainsi de produire une lumière plus vive.
2 Lanterne Phebus, France, vers 1900
Cette lanterne est conçue pour récupérer la fumée du magnésium, puis l’évacuer à l’extérieur par une petite trappe. Elle sert aussi de diffuseur,
adoucissant la lumière produite par l’éclair. L’étui rouge contient les cartouches de magnésium et les mèches nécessaires à leur allumage.
5 Poudre-éclair Fulgur produite par la Société de pyrotechnie S.A., Genève
6 Boîtiers à ruban de magnésium ou flashmètres, vers 1910
Ces petits instruments servent à mesurer la quantité de lumière nécessaire en déterminant la longueur de ruban de magnésium à dérouler, selon les indications fournies par une tabelle.