L’Ermanox se joue de la pénombre

Cet appareil fabriqué par Ernemann à Dresde dès 1924, permet enfin de réaliser des instantanés dans de faibles lumières grâce à la luminosité exceptionnelle de son optique. D’un concept rapidement archaïque, l’Ermanox a été supplanté par le Leica, son contemporain, encore plus compact et conçu pour la pellicule 35 mm, et sa production a cessé vers 1930.

C’est à l’ingénieur Ludwig Bertele que la maison Ernemann confie la mission de mettre au point un objectif de plus grande ouverture que f 1:3,5 alors considéré comme lumineux… Il en résulte l’Ernostar ouvrant à f 1:2,0 puis à f 1:1,8, produit en plusieurs focales.

L’Ermanox, en aluminium, avec viseur à cadre, existe pour un format de plaque de 4,5×6 cm et pour un format plus grand de 6,5×9 cm. Une version pliante a été produite en 1925, allant jusqu’au 13×18 cm. L’Ermanox-Reflex mis sur le marché en 1926 est conçu pour un format de plaque de 4,5×6 cm. Ces divers modèles sont équipés d’un obturateur à rideau focal fonctionnant jusqu’au millième de seconde tandis que l’objectif est monté sur un tube avec système hélicoïdal pour la mise au point.

Cet appareil fleuron des années 1920 a été utilisé entre autres par le journaliste et photographe allemand Erich Salomon qui aimait particulièrement déclencher à l’insu de ses modèles, et qui a ainsi réalisé de fameuses images d’hommes politiques en plein conciliabule, et de célébrités diverses. Ces photographies «volées» étaient alors tout à fait inhabituelles. En 1930, Salomon s’est séparé de son Ermanox acquis en 1927 pour un Leica. Sa carrière est brusquement interrompue par son arrestation et sa déportation en 1944.

Illustration:
Ermanox, Ernemann Werke, Dresde, 1924.
Pour le format 4,5×6 cm sur plaque ou plan-film; équipé d’une optique Ernostar à l’ouverture exceptionnelle pour l’époque de 1:2 et d’un obturateur focal permettant des vitesses de 1/20 à 1/1000 de seconde.