1834: Les dessins photogéniques de Talbot
Né en 1800 au sud de l’Angleterre, William Henry Fox Talbot est un mathématicien passionné d’archéologie, qui se déplace beaucoup et ne part jamais sans une camera obscura pour ses croquis de voyages. Souhaitant trouver un moyen «d’imprimer ces images naturelles sur du papier…», il tente des expériences dans ce sens dès 1834 en exposant des objets sur des papiers sensibilisés au nitrate d’argent qu’il appelle «dessins photogéniques», puis en exposant de tels papiers dans une camera obscura.
Pour obtenir davantage de lumière et par conséquent réduire le temps d’exposition, Talbot construit des petites boîtes qu’il équipe de lentilles de courte focale pour microscopes. Il fait des images de 7 cm de côté avec ces petites chambres que son épouse Constance baptisa « souricières ».
A l’annonce de la découverte de Daguerre en début 1839, Talbot va présenter le 25 janvier des dessins photogéniques à la Royal Society qui n’est pas convaincue. Il reprend plus assidûment ses recherches et met au point son procédé présenté en mars 1840 à l’Académie des sciences. Talbot travaille par la suite à améliorer le temps de pose en expérimentant l’image latente qu’il développe dans de l’acide gallique. En octobre de cette année, il tente les premiers portraits de son épouse Constance.
Il prend un brevet le 8 février 1841 pour son procédé de négatif, le calotype (de kalos en grec: beau) dont la grande innovation est la possibilité d’en tirer autant d’épreuves positives que l’on veut.
John Herschel, astronome et physicien anglais, connaît bien Talbot et aura une incidence certaine sur ses travaux. Ils ont travaillé ensemble vers 1831 sur la sensibilité à la lumière des sels de platine. C’est lui qui est le premier à utiliser l’hyposulfite de soude pour fixer les images, méthode reprise par Talbot et Daguerre. Il fait une communication sur ses travaux à la Royal Society le 14 mars 1839.
De passage à Paris en mai 1839, Herschel découvre le procédé du daguerréotype avec émerveillement : « Elles surpassent tout ce que j’avais pu imaginer dans la limite du raisonnable ».